mardi 17 mars 2009

Urne et Cie.

Bon, aujourd'hui, sur Femmes engagées (le blog que je ne devrais pas lire, je bondis presque tout le temps, mais ce n'est pas une critique, hein, c'est moi, je bondis tout le temps), j'ai lu plein de trucs... plein plein plein. Qui m'ont fait, donc, bondir.

Mais je ne sais jamais où retomber, c'est le problème. J'ai même laissé un comm très long, puis un deuxième que j'ai effacé, je déteste cette sensation vieille comme moi, d'être toujours en désaccord avec tout le monde sur tout. Enfin pas toujours mais souvent. Très souvent. Avant, je me disais que j'étais parisienne, mais j'ai quitté Paris il y a longtemps. je ne suis plus parisienne, mais je suis toujours à pinailler sur tout. Et comme je le dis, je ne sais pas où je retombe.

Bon alors là c'était ça.

Voilà comment j'ai compris ce post, très intéressant. On vote pour des hommes politiques, mais en fait, le système est si lourd qu'au final, la bureaucratie l'emporte et la véritable pouvoir échappe au citoyen, qui se fait en gros "couillonner " par le système. A la limite, on se dit qu'on élu machin, donc on vit en démocratie, et on arrête d'y penser. Quand tout d'un coup les machins élus ne sont pas là pour faire voter ou voter contre une loi qui nous semble inique, on crie on râle que c'est pas juste et tout le système est pourri.

J'espère ne pas avoir déformé les pensées de l'auteur. Ce n'est pas mon intention. j'ai utilisé des mots un peu léger, je sais, j'ai un mal de chien à être sérieuse.

Le sujet est tellement ce à quoi je pense tout le temps que forcément je réagis.

Alors d'abord je parle de moi. A cause d'une expérience que j'ai fait. J'ai eu une toute petite responsabilité dans le cadre d'une association, mais cette assoc avait pour diverses raisons un petit pouvoir. Petit, mais pouvoir. Naïve, je voulais (on ne rit pas) Servir la Communauté. C'est l'ennui d'avoir fait des études classiques, on rêvasse toujours un peu sur Périclès, Cicéron...
Alors déjà, la Communauté a présupposé que j'avais des Ambitions Politiques, et elle m'a regardé de travers, en trouvant que je n'aurais pas du en avoir. Je n'en avais pas. Mais on ne me croyait pas. Je voulais Dialoguer, je voulais me Concerter, je voulais Comprendre. J'allais voir les gens chez eux, on me racontait des histoires de madame Machin elle fait que des saloperies, madame truc elle pique dans la caisse, et quand je suggérais aux gens de s'investir, avec moi, pour changer tout ça, ensemble on est plus fort, et même et surtout si on n'est pas d'accord mais qu'on transcende nos différences pour le Bien Commun (si il y en a un qui rit, je le frappe). Je faisais ma Obama, puisque j'ai lu qu'il était comme ça. Tout le monde m'aimait bien, sauf quelques uns, mais ils avaient tous pitié de moi.
Personne ne voulait s'investir. Personne ne voulait même venir à des réunions pour faire des critiques constructives et tenter de trovuer des solutions.
J'en ai eu marre.
J'ai fait à ma façon.
Là, certains ont dit, en gros :"aaaaaaaaaah, on le savait qu'elle voulait faire à sa façon !!!".
Comme j'en avais marre, je les ai méprisé. Un jour, une collègue avec qui nous étions en désaccord mais nous transcendions nos oppositions pour le Bien Commun (il y en a), m'a dit en murmurant : "les gens ne méritent pas ce que nous faisons pour eux".
Je lui ai dit : "Oh ! Comment peux-tu dire ça?".
Elle a raccroché peu après. Et moi, peu après, j'ai compris ce qu'elle voulait dire.
J'ai continué. Je me suis dit que tant qu'à faire, j'allais d evenir pourrie, me présenter à des tas de trucs, être élue, (comme j'ai une tête sympa et une façon de parler gentille, et aussi qu'il y a des tas de façons d'obtenir des votes, légalement), fréquenter des tas de gens, et faire le bien des gens malgré eux.
C'était possible. Il fallait serrer des mains, aller à des cocktails, se récrier en rencontrant des importants, faire soi même l'importante. J'ai tenu un an.

J'ai compris avec horreur que : les gens ne veulent pas s'investir. Si seulement, dans notre petite communauté, plus de gens avaient voulu, non pas même être élu, mais parler, communiquer, donner leur avis, en groupe, dialoguer avec les autres, trouver des solutions : mais les gens voulaient citiquer machin et trucs dans leur salon, mais pas venir avec machins et trucs voir comment on peut travailler ensemble.

Impossible, sauf, naturellement, en période de crise, de mobiliser des gens. Donc impossible d'agir. On est obligé (et il s'agissait vraiment d'un tout petit niveau) de faire des systèmes de compromis avec les autres. On laisse machin à ce poste pour pouvoir avoir truc à cet autre. Machin est protégé par notre adversaire, et on n'aime pas machin. Mais notre adversaire politique est sympa, humainement, il nous faut cet adversaire là, il est plus efficace en adversaire qu'un autre : donc pour garder cet adversaire, on lui concède machin. Et lui il nous concède trucs. Horreur : c'est du compromis ! de la politique !!! Ceux qui ne veulent pas s'investir nous le reprochent, quand on est de retour parmi eux. ET ILS ONT RAISON. Alors là, choix : soit on comprend que ça fonctionne comme ça, et on fait carrière dans la politique, et en fait on rentre dans de subtils jeux de pouvoirs, soit on ne peut pas. Moi, je n'ai pas pu. Moi j'y croyais. Mais on ne peut y croire.

Mais le vrai adversaire, comprenez moi bien, n'est pas l'homme politique qui tisse sa toile de jeux de pouvoir dans le système pour pouvoir durer : il est dans cette masse qui ne veut pas s'investir et qui ne donne pas, par la force de son investissement, une légitimité à l'élu, qu'il soit local ou pas.
Au final, la politique est faite par des hommes de pouvoir, tout aussi malveillants et avides (de pouvoir) que des dictateurs de PVD : sauf qu'ils doivent respecter les formes extérieures de la démocratie. Tout en profitant de la moindre de ses faiblesses.

Et ces hommes de pouvoir, comme Charlemagne ou Haroun Al Rachid (et pourtant, j'ai un gros faible pour Haroun Al Rachid), savent bien que leur adversaire est celui qui, même pour une raison légitime, s'oppose à leurs décisions. Ah, si on pouvait les laisser faire ce qu'ils veulent ! Ils auraient tôt fait de te réorganiser le pays ! Toutes ces structures démocratiques, ces passages obligés !! Comment ruser? j'ai beaucoup apprécié la dernière manipulation de Sarkozy, quand il a brandi l'avis du président de la commission de déontologie pour justifier la nomination de François Pérol : il tentait de contourner le système, en usant d'un stratagème de manipulation pas mal du tout. Un vrai petit Richelieu. Avec Sarko, la lutte contre cet horripilant système démocratique, qui donne aux citoyens un contrôle qu'ils ne veulent pas exercer quand tout va bien (avec la crise ça va être différent, les gens vont se mobilier) a pris une amploeur nouvelle. Il va falloir se méfier, et pourtant, Sarkozy n'est pas ... l'autre, celui chez lequel j'ai vécu longtemps.

Donc, voilà ce qui me perturbe avec ce post. Les hommes politiques abandonnent le pouvoir aux bureaucrates, nous n'avons que l'illusion d'un contrôle du système. Oui. C'est vrai. Mais nous ne nous investissons pas assez, et il ne s'agit pas seulement de voter, mais de participer à des associations, d'aller à la mairie, d'interpeller nos députés, de suivre ce qui se passe à l'Assemblée nationale. Et cela, c'est ce qui tue les démocraties.

Peut-être ce post ne veut-il que faire un triste constat. Mais ce constat doit aussi nous rendre notre part (ça n'est qu'une part) de responsabilité.

Périclès a été élu 15 fois de suite, et comme le disait l'auteur grec que l'on cite tout le temps sur le sujet (Thucydide?), il ne s'agissait en fait que du pouvoir d'un seul, et obtenu par de beaux discours. N'empêche (et la politique de Périclès, surtout étrangère, était discutable) que ce furent les belles années de la démocratie athénienne, celles qui furent responsables de mon propre engagement dans la communauté (2500 ans plus tard). Quand les Athéniens ont cessé de venir voter, supposant qu'il y avait de toute façon quelque chose de pourri dans leur système (comme le prétendaient, non sans raison, les opposants), le système est mort. Les démocrates paresseux se sont fait bouffer par un monarque ambitieux. Je crains que le même sort ne nous guette.

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