dimanche 8 mars 2009

Une femme maire en Egypte !

Eva Habil est la première femme d'Egypte à un poste de maire d'un gros village copte de la vallée du Nil.

La décision a été prise en novembre au ministère de l'Intérieur. Komboha, en Haute Egypte, région très conservatrice, à 400 kilomètres au sud du Caire, allait être administré par une femme. Une première.


Son père était maire, elle est née ici, elle n'est pas une fonctionnaire parachutée par le gouvernement. En fait, c'est la règle de la succession dynastique qui est respectée dans ce village d'éleveurs, copte à 95 %. La différence est que l'héritier de cette lignée municipale est une héritière qui s'est battue pour l'être. Face à cinq hommes du village, dont son frère cadet, elle a emporté la mairie. Femme, célibataire, et copte, Eva, une avocate de 53 ans, savait en se lançant en politique qu'elle partait avec des handicaps majeurs dans un pays machiste et dans lequel, depuis trente ans, l'islamisme politique progresse.

L'Egypte a été pionnière dans le le monde arabe et avait accordé en 1956 les droits politiques aux femmes, mais la vague de l'islam politique a déferlé en force et une immense majorité des musulmanes égyptiennes porte désormais le voile comme un signe ostentatoire d' identité islamique. Du coup, des coptes portent en réaction des croix géantes en sautoir "alors que nous ne devrions avant tout nous proclamer égyptiens sans différence religieuse", selon Eva.Elle prendra sa carte du parti du président Hosni Moubarak, le Parti national démocrate (PND),car elle ne voit pas d'avenir aux petits partis d'opposition laïque face à la puissante confrérie islamiste des Frères Musulmans. D'un village voisin, à majorité musulmane, Amal Abdul Gawad, qui porte le niqab, le voile intégral, est venue avec son mari Wahid la féliciter et lui exprimer sa solidarité féminine.De sa main gantée, elle presse affectueusement le bras d'Eva. Elles se sont connues dans une section féminine du PND. Voudriez-vous être maire comme elle ? Sans lui laisser répondre, Wahid tranche: "Je lui interdit, je suis son mari !"

La politique est lourdement sexiste. Sur 454 députés, l'Assemblée ne compte que neuf femmes, dont seulement quatre ont été élues et cinq nommées par décret présidentiel, soit moins de 2%. Il y a eu trois fois plus de femmes à l'Assemblée. Alors le pouvoir procède à des nominations symboliques pour sauver les apparences, selon Mona Abaza, professeur de sociologie à l'Université américaine au Caire (AUC). Eva Habil pense que "les choses évoluent à petits pas". Montrant les fillettes qui l'entourent, elle affirme, "je suis la première femme maire, mais croyez-moi, mon exemple sera suivi".

Je note particulièrement le fait que, face à l'Islamisme, elle va direct dans le parti de Moubarak. C'est bien là que ce situe le problème : les Islamistes aboutissent à une radicalisation de la situation poltique, et nuisent à l'instauration d'un pluralisme politique.

Source : LA Times.
Un reportage.

Aucun commentaire:

Membres