mercredi 4 mars 2009

Fatima Bhutto

Réaction sur un article de l'hérétique.
Avec un élément trouvé sur ce blog (je met le lien pour ne pas le perdre).

Fatima Bhutto peut-elle apporter un souffle démocrate au PPP?

Devant ce genre de question (que je me pose aussi, pas nécessairement à propos de Fatima, mais qu'est-ce qu'elle est jolie !), un vertige me prend.

En fait, la réponse se trouve, pour moi, dans le Parrain.

Je regrette de ne pas être une universitaire pointue sur la question, mais voilà en gros mon idée.

Soient les systèmes occidentaux, démocratiques (oui, même en France avec notre antipathique Sarko), soient les sociétés en dehors du système occidental, et qui, plus ou moins, ont des systèmes patriarcaux, traditionnels, non démocratiques, les trois termes n'étaient pas équivalents. Certaines sociétés très traditionnelles sont très démocratiques, même si elles l'ignorent, je veux dire si elles n'ont pas de mots pour "démocratique".

Ces systèmes obéissent à des règles, subtiles, complexes. D'où le deuxième lien, qui évoque un phénomène que j'ai très souvent vu hors d'Europe. En fait, je n'ai pas été dans tous les pays hors d'Europe (forcément non) mais je l'ai vu dans tous ceux où je suis allée. On s'appuie d'abord sur la famille, les relations, le clan, le connu, et on ne va pas vers l'inconnu.

Sans faire de raccourci historique trop rapide donc faux, pensons aux liens d'hommes à hommes mis en place par Charlemagne et qui sont l'une des bases (je dis bien l'une, hein?) du système féodal.
Lions cela (rapidement) à la gens romaine, au genos grec, et à sa plus célèbre manifestation, ou résurgence moderne, la "famille" à la sicilienne.

Il y aurait des études à faire, que je ne ferais pas, sur le lien entre pouvoir clan dans les sociétés traditionnelles, intra ou extra européenne. Ce phénomène est humain, ne le méprisons pas tout de suite (même si on peut, socialement et politiquement) le combattre, ou lm'encadrer, ou le limiter.

En tout cas, Fatima (ou tout autre aspirant démocrate) se trouverait forcément prise dans ce système. Et un système social est prégnant. Seul un occidental présomptueux peut croire qu'il suffit de s'en rire pour s'en extraire.

En Occident, il est facile d'être démocrate ; facile de dénoncer les hypocrisies ou erreurs du système, puisque le système est ainsi fait. Même une personne issue d'un autre système peut parfaitement devenir démocrate.

En Orient, c'est différent. Le système dans lequel on se trouve pris est autre. On n'y échappe pas comme ça.

Je me suis trouvée dans des situations qui m'ont fait penser à des romans de Kipling, de Forster ou de Balzac. Soumise au pouvoir protéiforme, mystérieux et volatil de petits potentats locaux qui vous surveillent par leurs émissaires.

Comme je ne pouvais pas assurer ma situation entièrement par ma compétence ou ma position naturelle dans la hiérarchie, j'ai eu recours aux supports sociaux. Le résultat a été si terriblement efficace que j'ai bien senti mon idéal démocratique me filer entre les doigts. Quand de bienveillants amis ont pensé à moi pour ceci ou cela, j'ai très bien compris que mes compétences n'avaient pas joué de rôle du tout, mais seulement mes relations. Je n'étais compétente que par accident.

J'ai détesté ce sentiment. Détesté. Il vous pourri de l'intérieur. J'ai pensé aussi à un roman de Graham Greene, le fond du problème. Quand vous acceptez une compromission, c'est tout votre être qui est altéré.

C'est très difficile à expliquer. Quand j'en parle en France, on me dit : mais tu sais, c'est pareil ici. Je ne peux pas le croire. On ne peut sentir, comme là-bas, la désagrégation terrible de l'être qui n'est plus tenu que par ses relations, comme un pantin tenus par des ficelle, et qui peu à peu cesse d'exister : à quoi bon être compétent, honnête et correct si cela ne sert à rien ; si ceux pour qui vous voudriez être compétent et honnête pensent que vous êtes pourri PUISQUE VOUS AVEZ MIS LE PIED DANS LE SYSTEME? Et si ceux qui vous nomment se soucient peu de ce que vous valez? Je ne sais pas comment échapper à la chose.

Je renvoie à un texte qui très subtilement fait allusion à cela, et en termes plus convaincants que moi. Il faut comprendre la sorte de schizophrénie dramatique qui finit par pourrir les gens de l'intérieur.

(Dans mon cas, tout va bien, je suis revenue en Europe, n'aspire qu'à repartir, ce qui ne tardera pas, mais en crains les conséquences. ) ( Ce qui est terrible, d'ailleurs, c'est le départ : moi, je suis partie ; mais eux, sont restés ; peu importe où ; et en Europe, on ne veut pas d'eux).

Pour revenir à une Fatima démocrate, je crains que le système ne la broie.

Mais peut-être cela doit-il être. Peut-être la démocratie doit-elle se construire sur les esprits broyés de générations antérieures?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour Livia

Je voyais bien un lien qui pointait de chez vous mais j'ai eu toutes les peines du monde à enfin trouver votre article !!!

En fait, je suis d'accord avec l'essentiel de ce que vous avez écrit. En même temps, le fait d'appartenir au clan Bhutto est une force pour Fatima. Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à une révolution démocratique au Pakistan si elle prenait le pouvoir. Mais si cela pouvait ne serait-ce qu'un peu faire évoluer les choses, ce serait déjà ça...

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