Un post là.
Du coup, pleins de trucs à dire.
1. La politique des gouvernements peut s'expliquer, je suppose, en considérant qu'il n'y a "pas assez de travail pour tout le monde". Mettons. Mais comment peut-on croire que l'on va vraiment produire un effet? Des millions de gens désespérés, fuyant des vies sans espoirs, arrivent en Europe. On les met dehors, mais d'autres reviennent. Leur impulsion est si forte, et si irrationnelle, comment croire qu'une loi et la police peuvent lutter contre? Pour moi, ils suivent des rêves, des espoirs, c'est leur coeur qui les guide, et le désir, de tout être humain, d'une vie meilleure. Ce désir ne peut être contrôlé par des moyens humains.
2. Moi aussi, à ma façon, j'ai fui un tel pays, dont je n'étais pas citoyenne. Ce désespoir, ce sentiment d'être en prison, limitée, contrainte à la petitesse, à la mesquinerie, à une vie sans espoir, je l'ai éprouvé. Hop, merci, je renvoie ENCORE à Moncef Marzuki. Il compare ces gens qui confisquent le pouvoir à leur concitoyen, pour s'en mettre plein les poches, à des prédateurs.
On ne s’empare pas seulement de l’essentiel de la richesse mais aussi de tous les honneurs, de toute la dignité qui n’est plus une caractéristique intrinsèque de la personne humaine, mais une faveur concédée aux serviteurs et refusée aux traîtres et autres ennemis.
Ce sont des prédateurs d'âmes, et quand on vous bouffe votre âme, vous mourez lentement, de l'intérieur. C'est insupportable. Il ne s'agit pas de pauvreté, pas seulement. Si moi, étrangère, j'ai ressenti cela, combien plus doivent le ressentir les citoyens du pays. C'est le désespoir qui les fait partir, et rien n'arrête des désespérés sur le chemin de l'espoir. Même s'ils rêvent. Et d'ailleurs ils ne rêvent pas. En Europe, ils peuvent espérer une sorte de miracle, et se dire que bon, là, ça ne va pas, mais un jour ils seront comme les Français, Anglais...
3. Une commentatrice, noblement enveloppée dans de beaux pensers, cite son prof de philo : Finissons sur une question d'Alain Badiou à mon premier cours de philo : "au nom de quoi pouvez-vous décider que telle ou telle personne a le droit ou non d'habiter dans un pays ? Au nom de quoi pouvez-vous refuser à un Malien par exemple de travailler, de se loger, de vivre en France ?"
Beau, hein? Mais je ne comprends pas. Une société est un groupe de personne, qui ont ensemble un contrat social. Si le groupe refuse d'accepter un autre membre, certes, ce n'est guère "gentil", mais c'est comme ça. Au nom de quoi, de mande ce prof. Mais au nom d'une décision commune. C'est le type même du faux problème. Si tout le monde est d'accord pour que personne ne rentre dans le pays, eh bien personne ne rentre. C'est peut-être regrettable, mais c'est comme ça.
4. En fait le problème vient de ce que tout le monde n'est pas d'accord (en plus du fait que tenter de stopper ce mouvement, qui d'ailleurs diminue un peu, n'est pas le fait d'une décision rationelle, la décision rationnelle s'épuise contre les espoirs humains). Alors, si tout le monde n'est pas d'accord, il faut en discuter. Accepte-ton tout le monde? Oui? Non? je ne sais pas. Je ne sais pas. Mes copines, on les fait rentrer, sûr.
5. et après il y a le problème de l'intégration. Aaaaaah, l'intégration. J'ai fait quatre pays sans m'intégrer, mais moi j'ai la nationalité qui va bien. Les Bretons sont -ils intégrés? C'est quoi une personne intégrée? En tant que Française, suis-je intégrée? Plutôt désintégrée, je ne suis plus une vraie Française. Quels sont les critères? Chanter la Marseillaise? Dans deux secondes, on va retomber dans le problème du voile. Le mieux, avec l'intégration, ce serait d'arrêter d'en parler. Est-ce que le père de Sarko était bien intégré? Non, non, l'intégration, ça n'existe pas. C'est du jacobinisme. On n'en parle même pas.
Le lien pour Moncef Marzuki. On ne sait jamais, que Ben Ali l'oblige à fermer le site. C'est pour ça que j'ai fait une copie du texte.
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