mardi 24 mars 2009

Barack et sa vanne

Personnellement j'ai été choquée par la blague de Barack Obama, mais en lisant ce post je songe à tout autre chose. J'ai donc passé plus de 5 ans dans un pays qui pratiquait le politquement correct, voire la schizophrénie dans le discours d'une façon autrement plus poussée qu'en France. Le Président n'en était appelé que par des sourires, allusions et pronoms (Tu sais qui, lui, l'autre, là, certains, etc) . Bon, passe encore. Mais lorsque quelque chose était mal fait, il ne fallait pas prononcer de paroles politiquement incorrectes, sauf si l'on avait l'ethnie pour (et encore). On ne pouvait pas faire d'allusion au fait qu'"ils" travaillaient généralement avec inefficacité. Je me suis pliée à tout cela, contrairement à mon mari. J'ai bien voulu admettre que le système d'éducation comportait des carences (c'était assez évident par ailleurs). Il était évident que la colonisation avait laissé des traces profondes. C'était évident aussi. Au final, on ne pouvait plus rien dire, d'ailleurs on s'est sauvé en courant. Mais je me suis plié au truc, j'ai compris, du reste tout ceci est compréhensible.

Mais par ailleurs, je sais aussi que l'on peut transcender son destin, donc qu'il est, vu sous un autre angle, abusif d'accuser le système scolaire ou la colonisation (ou Bush). Mais là bas, on ne pouvait pas le faire. Au mieux, on balayait devant leur porte.

Quoiqu'il en soit, cetter acrobatie mentale ne m'a pas été agréable. Mais je suis encore dedans. Pourtant, elle est partiellement mensongère. Le rire permet de se libérer de pas mal de choses, mais je ne peux pas rire. Pourquoi? Rire signifierait que je garde mon opinion pour moi, mais que je peux dire n'importe quoi, même un truc politiquement, ethniquement incorrect. Le dire, pas forcément le penser. Mais je ne peux pas. Peut-être est ce que j'ai trop entendu certains Français le faire, et que je ne veux pas être assimilée à ces gens-là?

Je perçois aussi la souffrance, même quand elle n'est pas dite. Je n'arrive pas à passer dessus. D'où vient le poids que portent tous ces gens, qu'ils ne parviennent pas à soulever, au moins dans leur propre pays? D'où vient qu'autant de compétences soient irrémédiablement gachée par l'impossibilité de se mettre en valeur? Faut-il en revenir aux traumatismes évoqués par Moncef Marzouki?

Et pourquoi ne puis-je en rire?

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