jeudi 26 février 2009

Une histoire

Voilà une anecdote, dont il faudrait faire une nouvelle, pour en percevoir les implications.

Nous allons dire qu'elle se passe dans la boutique d'un coiffeur. Ce n'est pas le cas, mais discrétion oblige.
Ce n'est pas n'importe quel coiffeur, c'est, dans la ville, LE coiffeur, très cher, très luxe, qui offre une gamme de service impressionnante à côté (spa, beauté, cirage de chaussure.. café... et autres).

Dans ce coiffeur, il y a le directeur, et des employés : anciens, et des nouveaux.
Ce coiffeur est très ancien. Les employés sont tous syndiqués. Les anciens employés ont une grille de travail qu'ils ont choisies eux mêmes, et qu'il est impossible de modifier sans un procès. D'ailleurs, il est impossible de modifier quoique ce soit sans procès : le directeur est deux à trois fois par semaine au tribunal, parce qu'il a voulu modifier le planning de tel ou tel employé, ou les produits coiffants utilisé, ou la marque des chariots sur lesquels on pose les produits.
De ce fait, pour compenser la rigidité des employés anciens, le directeur fait très attention aux nouveaux contrats; ils doivent accepter que l'on modifie leurs horaires ou les produits coiffants ou le matériel en fonction de l'activité du salon de coiffure.
Les employés les plus récents sont donc les plus efficaces et réactifs et les plus appréciés de la direction.
La personne qui m'a raconté cette histoire m'a précisé : C'est aussi eux que l'on vire en premier quand l'activité baisse, puisqu'ils coutent moins cher à virer que les employés syndiqués depuis 20 ans, avec ancienneté etc.

Un jour, arrive une cliente agée, qui vient de très loin pour ce coiffeur. Elle a un certain nombre de petits problèmes de transports et de liquidité (elle est étrangère au pays) et demande à plusieurs reprises à la personne qui l'accueille chez le coiffeur de la dépanner. Au prix où elle ce coiffeur, elle croit pouvoir s'attendre à un service personnalisé.
Mais l'employé qui l'accueille ne l'aide pas, lui donne des infos du bout des lèvres et ne lui offre pas ce que l'on appelle un "service".
La dame, de retour chez elle, fait du raffut sur les forums internet en se plaignant de la mauvaise qualité du service reçu : ce coiffeur est cher, et le service est mauvais. Donc, elle est furieuse.

Apprenant cela, le directeur fait une enquête, retrouve trace de la cliente et de qui s'est occupé d'elle. L'employé, qui est l'une de ces personnes présentes depuis très longtemps dans la boîte, avec tous les avantages acquis que cela suppose, dit au directeur : "Vas-y, mets moi un blâme : demain, tu es au tribunal".

Il n'y a pas eu de blâme, totalement contre productif, mais quel est le résultat?

Avant tout, qui travaille dans ce salon de coiffure, et, par le service de bonne qualité qu'il donne, contribue à en faire la réputation?

Dans l'ensemble, les jeunes employés : ils sont dynamiques et essaient de tout faire bien ; d'ailleurs, s'ils ne font pas l'affaire, on les vire tout de suite ; on ne garde que les meilleurs. Dans ce salon de coiffure (et je parle bien d'un cas, je ne veux pas généraliser), les anciens employés ne travaillent plus convenablement, faisant peser sur les plus jeunes, par une sorte de "droit d'ancienneté" non écrit, mais renforcé par le système du syndicat (NB : ça ne se passe pas en France ; mais dans un pays fort à droite, fort fort, pendant longtemps, où les syndicats sont plus des soutien de la tradition que revendicateurs ; ils défendent les droits des travailleurs, mais dans une étrange nuance populistes.. difficile à évaluer pour moi, je ne suis pas parfaite dans mon approche)., faisant peser sur les plus jeunes, donc, l'obligation du travail. Eux font le strict minimum, mais ne se gênent pas pour faire bosser les plus faibles.

Il s'ensuit une relation étrange et malsaine entre la direction et les employés jeunes et dynamiques subtilement opposés aux anciens ; mais la position de la direction est affaiblie par le fait que les jeunes savent être plus facilement virables ; ils peuvent donc se mettre du côté des autres, les anciens, syndiqués, sauf évidement si entre deux personnes les relations sont trop exécrables...

Bon, cette histoire est obscure, mais c'est la deuxième fois dans ma vie que je constate, à l'échelle d'un groupe humain, disons, dans une petite société humaine, le phénomène suivant :
des personnes utilisent des idéaux ou arguments à la base altruistes et respectables, mais à leur propre profit et en les retournant contre d'autres membres du groupe humains qui sont donc mis en situation d'infériorité, non pas par des arguments comme "la supériorité de la race" ou "de l'âge", mais comme "la protection des plus faibles". De bons arguments qui mènent à des situations intenables...

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