vendredi 27 mars 2009

Exil

Vous partez de chez vous. En emportant peu de choses. Sauf vous, vos souvenirs, votre façon de vivre, et quelques bien matériels.

Quand vous arrivez ailleurs, loin seul, vous êtes dans un endroit qui tarde à prendre sens. Les rues, maisons, voitures, horaires, habitudes, tout vous est étranger. Légèrement menaçant. En vous mêmes, vous mesurez la distance entre votre passé, vos souvenirs, l'univers d'avant, dans lequel vous étiez et qui était vous-mêmes, et ces lieux étranges, nouveaux, pleins de bruits différents, les voix aussi sont différentes, et la langue.

Tout doucement la nouveauté s'apprivoise. Elle devient banale. Elle devient votre vie. Mais seulement extérieure. A l'intérieur, vous êtes celui d'avant, celui qui est parti. Vous vous lavez comme avant. Vous mangez comme avant. Vous recherchez les saveurs d'avant. Parfois, localement, vous en découvrez de nouvelles, mais les saveurs de votre enfance ont toujours un charme plus doux. Vous vous habillez comme eux, c'est pratique et discret, mais ça n'est qu'une deuxième peau.

Vous rencontrez des gens, certains sont sympas. Vous allez vers eux. Pour aller vers d'autres, il faut toujours s'oublier un petit peu. Comme ils sont très différents, malgré leur bonne volonté, vous vous oubliez beaucoup. Ils sont si sympas - ne serait-ce que d'exister, car ceux qui ne sont pas sympas sont effrayants dans leur bêtise innaccessible. Par prudence vous gommez une, deux trois, quatre différences importantes, ces nuances parfois si difficiles à supporter, et, dans cet univers en bleu et vert, vous vous avouez à vous même qu'il est facile, commode et logique d'être vous mêmes fort bleu et vert.

Mais le temps d'avant vous manque et vous revenez pour un temps chez vous, dans le pays quitté.

Qu'il est étrange. Qu'il est plat. Il a changé depuis votre départ. La maison au coin de la rue est détruite, c'est un supermarché. La rue de l'école s'est élargie, on dirait une autoroute. Il y a moins de jardins. Tout est cher. Vos amis sont étranges. Leur regard vous fuit. Ils vous trouvent différent. Ils pensent que vous êtes comme eux, comme les autres, celui du pays là bas. Comment est-ce possible? Vous n'êtes pas comme ceux de ce lointain pays, vous êtes d'ici, avec les vôtres, mais les vôtres sont un peu autres. Vous ne les reconnaissez plus. Eux non plus ne vous reconnaissent pas.

Alors vous frimez ; vous les éblouissez. L'argent. Le confort. La modernité. Certains sont épatés. D'autres jaloux. Quand vous rentrez de cet ancien chez vous, pour regagner votre nouveau pays, celui-ci vous parait étrangement familier.

Mais pas tout à fait ; car vous y restez autre, et on vous le fait sentir. C'est peut-être votre peau, dont la nuance n'est pas la bonne, ou vos cheveux, ou votre taille, vos gestes, votre attitude, votre façon de bouger, votre accent.

Parfois, cela n'a pas d'importance. Parfois, cela prend tout l'espace de votre personne. D'où êtes-vous?

Etranger, ici, étranger là bas, étranger à jamais sur la terre : l'exil est un voyage dont on ne revient jamais, et qui parfois ne mène nulle part.

jeudi 26 mars 2009

Immigration

Un post .

Du coup, pleins de trucs à dire.

1. La politique des gouvernements peut s'expliquer, je suppose, en considérant qu'il n'y a "pas assez de travail pour tout le monde". Mettons. Mais comment peut-on croire que l'on va vraiment produire un effet? Des millions de gens désespérés, fuyant des vies sans espoirs, arrivent en Europe. On les met dehors, mais d'autres reviennent. Leur impulsion est si forte, et si irrationnelle, comment croire qu'une loi et la police peuvent lutter contre? Pour moi, ils suivent des rêves, des espoirs, c'est leur coeur qui les guide, et le désir, de tout être humain, d'une vie meilleure. Ce désir ne peut être contrôlé par des moyens humains.

2. Moi aussi, à ma façon, j'ai fui un tel pays, dont je n'étais pas citoyenne. Ce désespoir, ce sentiment d'être en prison, limitée, contrainte à la petitesse, à la mesquinerie, à une vie sans espoir, je l'ai éprouvé. Hop, merci, je renvoie ENCORE à Moncef Marzuki. Il compare ces gens qui confisquent le pouvoir à leur concitoyen, pour s'en mettre plein les poches, à des prédateurs.
On ne s’empare pas seulement de l’essentiel de la richesse mais aussi de tous les honneurs, de toute la dignité qui n’est plus une caractéristique intrinsèque de la personne humaine, mais une faveur concédée aux serviteurs et refusée aux traîtres et autres ennemis.
Ce sont des prédateurs d'âmes, et quand on vous bouffe votre âme, vous mourez lentement, de l'intérieur. C'est insupportable. Il ne s'agit pas de pauvreté, pas seulement. Si moi, étrangère, j'ai ressenti cela, combien plus doivent le ressentir les citoyens du pays. C'est le désespoir qui les fait partir, et rien n'arrête des désespérés sur le chemin de l'espoir. Même s'ils rêvent. Et d'ailleurs ils ne rêvent pas. En Europe, ils peuvent espérer une sorte de miracle, et se dire que bon, là, ça ne va pas, mais un jour ils seront comme les Français, Anglais...

3. Une commentatrice, noblement enveloppée dans de beaux pensers, cite son prof de philo : Finissons sur une question d'Alain Badiou à mon premier cours de philo : "au nom de quoi pouvez-vous décider que telle ou telle personne a le droit ou non d'habiter dans un pays ? Au nom de quoi pouvez-vous refuser à un Malien par exemple de travailler, de se loger, de vivre en France ?"

Beau, hein? Mais je ne comprends pas. Une société est un groupe de personne, qui ont ensemble un contrat social. Si le groupe refuse d'accepter un autre membre, certes, ce n'est guère "gentil", mais c'est comme ça. Au nom de quoi, de mande ce prof. Mais au nom d'une décision commune. C'est le type même du faux problème. Si tout le monde est d'accord pour que personne ne rentre dans le pays, eh bien personne ne rentre. C'est peut-être regrettable, mais c'est comme ça.

4. En fait le problème vient de ce que tout le monde n'est pas d'accord (en plus du fait que tenter de stopper ce mouvement, qui d'ailleurs diminue un peu, n'est pas le fait d'une décision rationelle, la décision rationnelle s'épuise contre les espoirs humains). Alors, si tout le monde n'est pas d'accord, il faut en discuter. Accepte-ton tout le monde? Oui? Non? je ne sais pas. Je ne sais pas. Mes copines, on les fait rentrer, sûr.

5. et après il y a le problème de l'intégration. Aaaaaah, l'intégration. J'ai fait quatre pays sans m'intégrer, mais moi j'ai la nationalité qui va bien. Les Bretons sont -ils intégrés? C'est quoi une personne intégrée? En tant que Française, suis-je intégrée? Plutôt désintégrée, je ne suis plus une vraie Française. Quels sont les critères? Chanter la Marseillaise? Dans deux secondes, on va retomber dans le problème du voile. Le mieux, avec l'intégration, ce serait d'arrêter d'en parler. Est-ce que le père de Sarko était bien intégré? Non, non, l'intégration, ça n'existe pas. C'est du jacobinisme. On n'en parle même pas.

Le lien pour Moncef Marzuki. On ne sait jamais, que Ben Ali l'oblige à fermer le site. C'est pour ça que j'ai fait une copie du texte.

mardi 24 mars 2009

Barack et sa vanne

Personnellement j'ai été choquée par la blague de Barack Obama, mais en lisant ce post je songe à tout autre chose. J'ai donc passé plus de 5 ans dans un pays qui pratiquait le politquement correct, voire la schizophrénie dans le discours d'une façon autrement plus poussée qu'en France. Le Président n'en était appelé que par des sourires, allusions et pronoms (Tu sais qui, lui, l'autre, là, certains, etc) . Bon, passe encore. Mais lorsque quelque chose était mal fait, il ne fallait pas prononcer de paroles politiquement incorrectes, sauf si l'on avait l'ethnie pour (et encore). On ne pouvait pas faire d'allusion au fait qu'"ils" travaillaient généralement avec inefficacité. Je me suis pliée à tout cela, contrairement à mon mari. J'ai bien voulu admettre que le système d'éducation comportait des carences (c'était assez évident par ailleurs). Il était évident que la colonisation avait laissé des traces profondes. C'était évident aussi. Au final, on ne pouvait plus rien dire, d'ailleurs on s'est sauvé en courant. Mais je me suis plié au truc, j'ai compris, du reste tout ceci est compréhensible.

Mais par ailleurs, je sais aussi que l'on peut transcender son destin, donc qu'il est, vu sous un autre angle, abusif d'accuser le système scolaire ou la colonisation (ou Bush). Mais là bas, on ne pouvait pas le faire. Au mieux, on balayait devant leur porte.

Quoiqu'il en soit, cetter acrobatie mentale ne m'a pas été agréable. Mais je suis encore dedans. Pourtant, elle est partiellement mensongère. Le rire permet de se libérer de pas mal de choses, mais je ne peux pas rire. Pourquoi? Rire signifierait que je garde mon opinion pour moi, mais que je peux dire n'importe quoi, même un truc politiquement, ethniquement incorrect. Le dire, pas forcément le penser. Mais je ne peux pas. Peut-être est ce que j'ai trop entendu certains Français le faire, et que je ne veux pas être assimilée à ces gens-là?

Je perçois aussi la souffrance, même quand elle n'est pas dite. Je n'arrive pas à passer dessus. D'où vient le poids que portent tous ces gens, qu'ils ne parviennent pas à soulever, au moins dans leur propre pays? D'où vient qu'autant de compétences soient irrémédiablement gachée par l'impossibilité de se mettre en valeur? Faut-il en revenir aux traumatismes évoqués par Moncef Marzouki?

Et pourquoi ne puis-je en rire?

jeudi 19 mars 2009

Ce que les hommes ne savent pas des femmes

Un post très sympa, tendre, poétique... et technique, un peu : ce que les hommes ne savent pas des femmes, par Charles Chester.

mardi 17 mars 2009

Cléopâtre

pis c'est tout because merde j'ai des trucs à faire.

Alors, jetant un coup d'oeil sur Wikio, pour trouver des trucs un peu stimulant à lire, j'ai l'oeil attiré par cette discussion au titre accrocher : la connerie du jour : est nominé le Monde.

Ah ah, me dis-je, ça va bien, de critiquer le Monde, ça va changer un peu.

Il s'agit d'un article du Monde, évoqué par deux blogueurs.

Celui-là, dont l'agacement m'en rappelle d'autres, s'agace de ce que le Monde annonce que, selon des scientifiques, Cléopâtre aurait des origines africaines.

Deux raisons à son agacement : d'abord, les harems royaux (bon alors je pinaille, harem est un mot postérieur, donc ça doit plutôt mériter le nom de gynécée, peut-être même que ça n'a pas de noms historiques, enfin je ne suis pas trop sûre) étaient plein de dames d'origines diverses, donc ne nous étonnons pas que Cléopâtre ne soient pas d'origine européenne. Sa mère poouvait venir de Perse, d'Afrique, de Grèce, de plein d'endroits.
Deuxième agacement : l'auteur soupçonne le monde de vouloir refaire le coup du métissage qui améliore les races.

Bon. Lecture de l'article du monde. Dans lequel j'apprends que, selon le journaliste, et là je ne vais pas me refaire toute la bibliographie sur les Lagides, je ne peux matériellement pas (mais j'enrage) Cléopâtre était considérée comme ayant des origines européennes.
Je bous, mais je ne commente pas, après c'est mieux.
Ma curiosité m'amène sur le deuxième blogueur, qui me pétrifie. Son titre : Imposture médiatico scientifique de la BBC : Cléopâtre serait d'origine africaine.
Pour ce blogueur, il est inadmissible que Cléopâtre soit d'origine africaine, et il s'appuie sur plusieurs statues, qui selon lui montrent qu'elle avait un "type européen". Cléopâtre n'est donc pas africiane, elle doit être euroépenne, et si on prouve qu'elle était africaine, c'est par "métissolâtrie".


Je resitue. Les Lagides se sont installés en Egypte à la fin du IIIème siècle avant notre ère. Ils sont d'origine macédonienne et de culture grecque. Cléopâtre est née 250 ans ans après. Comment peut-on imaginer qu'en 250 ans la famille soit resté de "race" (race, c'est quoi une race, ça me fait penser à Zemmour, et sa "race noire", elle est où sa "race noire", en Inde, en Afrique, en Amérique du Sud, ah non, pas Amérique du Sud, et les Africains qui ont la peau de la même couleur que les Indiens, et les Indiens noirs dont la soeur a une peau miel, et les Indonésiens miels qui ont la peau de la même couleur que des Afghans, la race noir, il n'y a que la couleur de peau ou on regarde aussi d'autres caractéristiques physiques comme la taille, les yeux, le nez, il faut être blanc pour voir des Noirs partout, dès que l'on sort d'Europe, les Noirs disparaissent, dans l'immense variété de physionomies de peau dont la seule caractéristique est, en effet, d'être non blanche, on ne sait plus où sont les Noirs, les Noirs Noirs, les Noirs bruns, les Noirs miel, les pas Africains mais très noirs..., les asiatiques noirs comme des Gabonais mais moins que des Ethiopiens, on s'y perd, c'est comme les blonds) de race, disais-je européenne, sans que jamais une femme ou un homme africain, perse, méditerranéen, arabe (d'arabie, la conquête et la, toute relative, arabisation "raciale", - puisque les conquérant étient peu nombreux, comme les Francs, qui n'ont pas germanisés la gaule, bien qu'ils l'aient conquises - n'ayant eu lieu que sept siècles plus tard) ne se marie ou n'ait un enfant avec un Lagide !!! Je voudrais bien qu'on me prouve, comme l'affirme bêtement le journaliste du monde, que les historiens sont d'accord sur la "race" (européenne) de Cléopâtre qui doit être un souci mineur, pour elle comme pour les autres lagides, on étudie les textes, les actes, les faits, pas la race.
Du coup je découvre, avec l'autre blogueur, que pour certain il est plus important que tout que Cléopâtre soit européenne, et que si elle ne l'était pas, cela ne pourrait être qu'un mensonge du à la métissolâtrie. Quel est le souci? Qu'est-ce que Cléopâtre ne doit pas être? Doit-elle ne pas avoir une goutte de sang noir? Doit-elle ne pas avoir une goutte dans sang arabe? Doit-elle ne pas avoir une goutte de sang perse? A-t-elle droit à un peu de sang méditerranéen sud? Ou, non, ça doit être uniquement du sang de la Méditerranée du Nord? Quand on sait que cette zone est une zone de commerce et d'échange, que les peuples d'Afrique (noire), de la péninsule arabe, de Grèce, de Perse y viennent échanger leurs produits, comment peut-on croire à ce point que dans les veine de Cléopâtre ne coulent pas toutes sortes de sang de provenance diverses? D'ailleurs, à force de parler de sang, j'ai l'impression que c'est l'Aid. Quelle est cette importance folle accordée au sang, au métissage et au non-métissage? faut-il que le métissage soit "bon" ou mauvais"? faut-il que le non métissage le soit? Et il s'agit du métissage du sang... je vais avoir mal au coeur....

Dieu.....

Bon, voilà, non plus je ne suis pas d'accord.

Les religions se sont politisées et sectarisées. (lit-on).

Il y aurait donc eu une époque bénie durant lesquelles elles ne se seraient pas politisées? Pour les autres, je ne sais pas, mais pour le christianisme, hélas, hélas, c'est très vieux, et dès qu'on met le nez dedans, c'est très moche. ça commence avec l'adoption de la religion chrétienne par Constantin. Certains croyants de l'époque ont eux même vu la dérive. L'empereur a utilisé le réseau religieux pour contrôler la société sous l'empire. A l'intérieur de l'église, les luttes ont toujours été vives et violentes entre les politiques et les purs.

Cela dit, sur le reste du post, je vois encore là un truc très simple (et qui me démoralise complètement). Les êtres humains tendent naturellement à se contrôler les uns les autres. les religions, et les sectes sont une manifestation de cette tendance de la nature humaine.

Urne et Cie.

Bon, aujourd'hui, sur Femmes engagées (le blog que je ne devrais pas lire, je bondis presque tout le temps, mais ce n'est pas une critique, hein, c'est moi, je bondis tout le temps), j'ai lu plein de trucs... plein plein plein. Qui m'ont fait, donc, bondir.

Mais je ne sais jamais où retomber, c'est le problème. J'ai même laissé un comm très long, puis un deuxième que j'ai effacé, je déteste cette sensation vieille comme moi, d'être toujours en désaccord avec tout le monde sur tout. Enfin pas toujours mais souvent. Très souvent. Avant, je me disais que j'étais parisienne, mais j'ai quitté Paris il y a longtemps. je ne suis plus parisienne, mais je suis toujours à pinailler sur tout. Et comme je le dis, je ne sais pas où je retombe.

Bon alors là c'était ça.

Voilà comment j'ai compris ce post, très intéressant. On vote pour des hommes politiques, mais en fait, le système est si lourd qu'au final, la bureaucratie l'emporte et la véritable pouvoir échappe au citoyen, qui se fait en gros "couillonner " par le système. A la limite, on se dit qu'on élu machin, donc on vit en démocratie, et on arrête d'y penser. Quand tout d'un coup les machins élus ne sont pas là pour faire voter ou voter contre une loi qui nous semble inique, on crie on râle que c'est pas juste et tout le système est pourri.

J'espère ne pas avoir déformé les pensées de l'auteur. Ce n'est pas mon intention. j'ai utilisé des mots un peu léger, je sais, j'ai un mal de chien à être sérieuse.

Le sujet est tellement ce à quoi je pense tout le temps que forcément je réagis.

Alors d'abord je parle de moi. A cause d'une expérience que j'ai fait. J'ai eu une toute petite responsabilité dans le cadre d'une association, mais cette assoc avait pour diverses raisons un petit pouvoir. Petit, mais pouvoir. Naïve, je voulais (on ne rit pas) Servir la Communauté. C'est l'ennui d'avoir fait des études classiques, on rêvasse toujours un peu sur Périclès, Cicéron...
Alors déjà, la Communauté a présupposé que j'avais des Ambitions Politiques, et elle m'a regardé de travers, en trouvant que je n'aurais pas du en avoir. Je n'en avais pas. Mais on ne me croyait pas. Je voulais Dialoguer, je voulais me Concerter, je voulais Comprendre. J'allais voir les gens chez eux, on me racontait des histoires de madame Machin elle fait que des saloperies, madame truc elle pique dans la caisse, et quand je suggérais aux gens de s'investir, avec moi, pour changer tout ça, ensemble on est plus fort, et même et surtout si on n'est pas d'accord mais qu'on transcende nos différences pour le Bien Commun (si il y en a un qui rit, je le frappe). Je faisais ma Obama, puisque j'ai lu qu'il était comme ça. Tout le monde m'aimait bien, sauf quelques uns, mais ils avaient tous pitié de moi.
Personne ne voulait s'investir. Personne ne voulait même venir à des réunions pour faire des critiques constructives et tenter de trovuer des solutions.
J'en ai eu marre.
J'ai fait à ma façon.
Là, certains ont dit, en gros :"aaaaaaaaaah, on le savait qu'elle voulait faire à sa façon !!!".
Comme j'en avais marre, je les ai méprisé. Un jour, une collègue avec qui nous étions en désaccord mais nous transcendions nos oppositions pour le Bien Commun (il y en a), m'a dit en murmurant : "les gens ne méritent pas ce que nous faisons pour eux".
Je lui ai dit : "Oh ! Comment peux-tu dire ça?".
Elle a raccroché peu après. Et moi, peu après, j'ai compris ce qu'elle voulait dire.
J'ai continué. Je me suis dit que tant qu'à faire, j'allais d evenir pourrie, me présenter à des tas de trucs, être élue, (comme j'ai une tête sympa et une façon de parler gentille, et aussi qu'il y a des tas de façons d'obtenir des votes, légalement), fréquenter des tas de gens, et faire le bien des gens malgré eux.
C'était possible. Il fallait serrer des mains, aller à des cocktails, se récrier en rencontrant des importants, faire soi même l'importante. J'ai tenu un an.

J'ai compris avec horreur que : les gens ne veulent pas s'investir. Si seulement, dans notre petite communauté, plus de gens avaient voulu, non pas même être élu, mais parler, communiquer, donner leur avis, en groupe, dialoguer avec les autres, trouver des solutions : mais les gens voulaient citiquer machin et trucs dans leur salon, mais pas venir avec machins et trucs voir comment on peut travailler ensemble.

Impossible, sauf, naturellement, en période de crise, de mobiliser des gens. Donc impossible d'agir. On est obligé (et il s'agissait vraiment d'un tout petit niveau) de faire des systèmes de compromis avec les autres. On laisse machin à ce poste pour pouvoir avoir truc à cet autre. Machin est protégé par notre adversaire, et on n'aime pas machin. Mais notre adversaire politique est sympa, humainement, il nous faut cet adversaire là, il est plus efficace en adversaire qu'un autre : donc pour garder cet adversaire, on lui concède machin. Et lui il nous concède trucs. Horreur : c'est du compromis ! de la politique !!! Ceux qui ne veulent pas s'investir nous le reprochent, quand on est de retour parmi eux. ET ILS ONT RAISON. Alors là, choix : soit on comprend que ça fonctionne comme ça, et on fait carrière dans la politique, et en fait on rentre dans de subtils jeux de pouvoirs, soit on ne peut pas. Moi, je n'ai pas pu. Moi j'y croyais. Mais on ne peut y croire.

Mais le vrai adversaire, comprenez moi bien, n'est pas l'homme politique qui tisse sa toile de jeux de pouvoir dans le système pour pouvoir durer : il est dans cette masse qui ne veut pas s'investir et qui ne donne pas, par la force de son investissement, une légitimité à l'élu, qu'il soit local ou pas.
Au final, la politique est faite par des hommes de pouvoir, tout aussi malveillants et avides (de pouvoir) que des dictateurs de PVD : sauf qu'ils doivent respecter les formes extérieures de la démocratie. Tout en profitant de la moindre de ses faiblesses.

Et ces hommes de pouvoir, comme Charlemagne ou Haroun Al Rachid (et pourtant, j'ai un gros faible pour Haroun Al Rachid), savent bien que leur adversaire est celui qui, même pour une raison légitime, s'oppose à leurs décisions. Ah, si on pouvait les laisser faire ce qu'ils veulent ! Ils auraient tôt fait de te réorganiser le pays ! Toutes ces structures démocratiques, ces passages obligés !! Comment ruser? j'ai beaucoup apprécié la dernière manipulation de Sarkozy, quand il a brandi l'avis du président de la commission de déontologie pour justifier la nomination de François Pérol : il tentait de contourner le système, en usant d'un stratagème de manipulation pas mal du tout. Un vrai petit Richelieu. Avec Sarko, la lutte contre cet horripilant système démocratique, qui donne aux citoyens un contrôle qu'ils ne veulent pas exercer quand tout va bien (avec la crise ça va être différent, les gens vont se mobilier) a pris une amploeur nouvelle. Il va falloir se méfier, et pourtant, Sarkozy n'est pas ... l'autre, celui chez lequel j'ai vécu longtemps.

Donc, voilà ce qui me perturbe avec ce post. Les hommes politiques abandonnent le pouvoir aux bureaucrates, nous n'avons que l'illusion d'un contrôle du système. Oui. C'est vrai. Mais nous ne nous investissons pas assez, et il ne s'agit pas seulement de voter, mais de participer à des associations, d'aller à la mairie, d'interpeller nos députés, de suivre ce qui se passe à l'Assemblée nationale. Et cela, c'est ce qui tue les démocraties.

Peut-être ce post ne veut-il que faire un triste constat. Mais ce constat doit aussi nous rendre notre part (ça n'est qu'une part) de responsabilité.

Périclès a été élu 15 fois de suite, et comme le disait l'auteur grec que l'on cite tout le temps sur le sujet (Thucydide?), il ne s'agissait en fait que du pouvoir d'un seul, et obtenu par de beaux discours. N'empêche (et la politique de Périclès, surtout étrangère, était discutable) que ce furent les belles années de la démocratie athénienne, celles qui furent responsables de mon propre engagement dans la communauté (2500 ans plus tard). Quand les Athéniens ont cessé de venir voter, supposant qu'il y avait de toute façon quelque chose de pourri dans leur système (comme le prétendaient, non sans raison, les opposants), le système est mort. Les démocrates paresseux se sont fait bouffer par un monarque ambitieux. Je crains que le même sort ne nous guette.

dimanche 15 mars 2009

Liens à exploiter

Témoignage sur les communautés aux USA, en particulier les arabo-musulmans et les Japonais.

Un post sur Besancenot.

Récit d'expulsion. Je dois dire que quand je lis ça, j'ai du mal à le croire. Je ne veux pas douter, mais c'est tellement aberrant...

Sur le sujet qui me tord le ventre depuis plusieurs jours : un post de Koz, qui dit ce que je pense, en plus investi dans la théologie, mais qui parle de compassion et de souffrance... Compassion et souffrance pour une enfant de neuf ans violée... Compassion et souffrance que les institutions écclésiastiques ne comprennent pas. On ne croirait dans la France du dix-neuvième siècle, chez Zola ou Victor Hugo.

Pas le temps plus.

Bashung est mort.

Bashung est mort !!!

On le savait malade.

Ici, un beau texte.

mardi 10 mars 2009

Démoralisée

Moi qui disais que ma foi était tremblotante, enfin pas ma foi, hélas ! si seulement. Dieu ne tremblote pas. Non, c'est mon rapport avec l'Eglise qui se prend de drôles de coups dans l'aile. L'excommunication du médecin et de la mère de la petite fille de neuf ans enceinte d'un viol, pour l'avoir fait avorter, je dois dire que ça me coupe les bras, les jambes, la voix et tout. Je veux dire le fait qu'elle soit soutenue par la Vatican. Tout est dit.
Enfin non, pas du tout, avec l'Eglise c'est toujours pareil, il y a de tout, mais bon, sur l'institution dans son ensemble... Ils n'ont qu'à excommunier tout le pays. ça, après l'évêque négationniste, bonjour.

Le viol est moins grave que l'avortement. Bon. Allez, je me déconnecte et je reviens dans une semaine, quand je serai remise.

Pour m'encourager, je cite juste François Mauriac : Que Dieu préfère les imbéciles, c'est un bruit que depuis 19 siècles les imbéciles font courir.

(Mais ils font ça bien).

lundi 9 mars 2009

Les Cambodgiens et internet

Encore un pays dans lequel Internet permet (jusqu'à quand?) la liberté d'expression : le Cambodge.

Ces informations proviennent de Rue 89.

Le blogosphère khmère est toute récente, selon Rue89. En 2000, c'est le tout début d'un réseau. En 2006, cinq Cambodgiens créent des ateliers de travail sur les blogs dans vingt universités du royaume, les Personal Information Technology Workshops (PITW). En 2007, ils lancent le
Clogger Summit, en collaboration avec l'Open Forum of Cambodia's Khmer Software Initiative, ONG également à l'origine de missions d'initiation à l'Internet dans les provinces.

Cet événement a réuni cloggers, webmasters, médias et ONG pour échanger et surtout débattre de leurs idées. Après le sommet, la trentaine de bloggers cambodgiens efait des petits et les bloggeurs cambodgiens se multiplient, prenant le nom de cloggers.

Les cloggers sont marginaux et, culturellement, font partie de l'élite du pays, puisqu'une grande partie de la population est illetrée. On ne peut donc parler de mouvement populaire. En outre, ils bloguent en anglais, pour toucher davantage de monde ; on ne peut pas dire que cela les coupe des milieux populaires puisque ceux-ci ne les liraient pas, même en khmer.
L'une des blogueuses les plus populaires est Chak Sopheap, qui blogue depuis le Japon.

Le gouvernement commence cependant à regarder tout cela de près... Imùpossible de savoir ce qui va s'ensuivre.

dimanche 8 mars 2009

Une femme maire en Egypte !

Eva Habil est la première femme d'Egypte à un poste de maire d'un gros village copte de la vallée du Nil.

La décision a été prise en novembre au ministère de l'Intérieur. Komboha, en Haute Egypte, région très conservatrice, à 400 kilomètres au sud du Caire, allait être administré par une femme. Une première.


Son père était maire, elle est née ici, elle n'est pas une fonctionnaire parachutée par le gouvernement. En fait, c'est la règle de la succession dynastique qui est respectée dans ce village d'éleveurs, copte à 95 %. La différence est que l'héritier de cette lignée municipale est une héritière qui s'est battue pour l'être. Face à cinq hommes du village, dont son frère cadet, elle a emporté la mairie. Femme, célibataire, et copte, Eva, une avocate de 53 ans, savait en se lançant en politique qu'elle partait avec des handicaps majeurs dans un pays machiste et dans lequel, depuis trente ans, l'islamisme politique progresse.

L'Egypte a été pionnière dans le le monde arabe et avait accordé en 1956 les droits politiques aux femmes, mais la vague de l'islam politique a déferlé en force et une immense majorité des musulmanes égyptiennes porte désormais le voile comme un signe ostentatoire d' identité islamique. Du coup, des coptes portent en réaction des croix géantes en sautoir "alors que nous ne devrions avant tout nous proclamer égyptiens sans différence religieuse", selon Eva.Elle prendra sa carte du parti du président Hosni Moubarak, le Parti national démocrate (PND),car elle ne voit pas d'avenir aux petits partis d'opposition laïque face à la puissante confrérie islamiste des Frères Musulmans. D'un village voisin, à majorité musulmane, Amal Abdul Gawad, qui porte le niqab, le voile intégral, est venue avec son mari Wahid la féliciter et lui exprimer sa solidarité féminine.De sa main gantée, elle presse affectueusement le bras d'Eva. Elles se sont connues dans une section féminine du PND. Voudriez-vous être maire comme elle ? Sans lui laisser répondre, Wahid tranche: "Je lui interdit, je suis son mari !"

La politique est lourdement sexiste. Sur 454 députés, l'Assemblée ne compte que neuf femmes, dont seulement quatre ont été élues et cinq nommées par décret présidentiel, soit moins de 2%. Il y a eu trois fois plus de femmes à l'Assemblée. Alors le pouvoir procède à des nominations symboliques pour sauver les apparences, selon Mona Abaza, professeur de sociologie à l'Université américaine au Caire (AUC). Eva Habil pense que "les choses évoluent à petits pas". Montrant les fillettes qui l'entourent, elle affirme, "je suis la première femme maire, mais croyez-moi, mon exemple sera suivi".

Je note particulièrement le fait que, face à l'Islamisme, elle va direct dans le parti de Moubarak. C'est bien là que ce situe le problème : les Islamistes aboutissent à une radicalisation de la situation poltique, et nuisent à l'instauration d'un pluralisme politique.

Source : LA Times.
Un reportage.

vendredi 6 mars 2009

Les machos du net ... ?

ça fait trois jours que je me prend la tête sur le sujet. Je n'ai toujours d'idée définie. C'est mon problème dans la vie, du reste. Je suis d'un côté et de l'autre.

Alors.

Le pitch : Vendredi, un journal sur les blogs, dont tout le monde trouve qu'il a un gabarit bizarre, sort un numéro spécial blogueuses, à l'occasion de la journée de la femme.

Le drame : C'est bien, car enfin les femmes sont mises en valeur, peuvent s'exprimer, etc etc. Non, c'est paaaas bien, car un numéro sans hommes, c'est sexiste, car le dialogue c'est mieux, pis un numéro sans femme, on dirait que c'est macho, mais un numéro sans hommes, on n'a rien le droit de dire....

Et alors ? Eh bien, certains hommes ont eu des réactions que je trouve insupportables, dans leur expression. C'est tout ce que je pense de net. Pour le reste, je ne sais que dire.
C'est très subtil. Les hommes ont des défauts communs, les femmes aussi je suppose. Leurs défauts communs sont fichtrement énervants. Lorsqu'à cet élément -là, s'ajoute un caractère fort, l'homme peut devenir un horrible petit tyran.
J'ai été élevée par une mère qui portait la culotte. Mon mari (qui a toutes sortes d'affreux défauts masculins, ce à quoi je crois qu'on ne peut rien) a été élevé par une femme qui dirigeait sa famille tout en feignant de s'incliner devant son mari. Une sorte de geisha française. Il me laisse faire tout ce que je veux, tout en râlant. Ses remarques me blessent parfois, et je suis tentée d'y voir une sorte dérivée de machisme, mais je crois qu'il faut y voir un effet du manque de confiance induit par ma mère. Les remarques qu'il me fait tombe dans les blessures antérieures, si je puis dire.
Il ne fait aucun doute que dans certains pays les femmes sont traitées d'une façon tout à fait indigne. Au moins, dans ces cas-là, on sait à quoi s'en tenir. En France, c'est moins net. Un homme qui bat sa femme est-il influencé par le machisme ou juste un malade?
L'une de mes amies me parlait du machisme de sa boîte, en me citant des cas de messieurs qui ne voulaient pas reconnaître leurs erreurs et s'élevaient malgré elles dans la hiérarchie, alors que des femmes compétentes piétinaient.
Je peux constater par ailleurs un autre phénomène : les femmes, quand elles parlent à leur façon plus intuitives, en usant plus des raisonnements par analogies, se font moins respecter des hommes. Il y a une forme de logique féminine qui échappe aux hommes, mais qui en plus fait mépriser les femmes. Je le sais si bien que c'est la raison d'être de ce blog. Dans de nombreuses conversations réelles, avec des hommes, je me dois de présenter à des hommes mes idées d'une certaine façon, même quand les femmes, par quelques remarques allusives et plus évocatrices qu'explicatives, m'ont comprises. Par ailleurs, le ton de la voix, quand on parle aux hommes, pas à tous, mais souvent, compte aussi. Des idées formulées de façon fouillis d'une petite voix peuvent être comprises par une femme. Un homme ne les comprendra que si je prends un air assuré, un voix basse et que je structure ma pensée. Or, l'effort de structurer mes remarques pour être compréhensible à cette forme d'esprit masculine me gonfle souvent. Oui, je peux le faire (je le faisais quand je travaillais, j'avais la sensation de mettre un "costume masculin", mais spirituel). Mon chef ne comprenait qu'une certaine façon d'aborder les choses, à la fin, j'avais carrément l'impression de caricaturer le truc, mais comme il était épaté !

Pour ceux qui ne voient pas du tout où je veux en venir.
Je disais : il faudrait mettre en place telle et telle initiative... Aucune réaction. J'aurais dit pouet pouet tagazou, il y aurait prêté la même attention.
J'ai rédigé (en riant sous cape) un rapport sur le sujet : Constat/ Projet/ financement : il a tout compris, et je l'ai même carrément impressionné. Du coup, je ne venais le voir qu'avec des projets rédigés sur papier. Et encore, j'aurais fait un Power Point, je crois qu'il aurait baissé les yeux en me parlant. Mais tout ça, c'est du décor... Si je dis "je pense à monter ça", je vais commencer le lendemain s'il est d'accord, sans avant projet papier...

Ce blog lui-même emploie une logique et une présentation floue, diffuse, féminine... Je tente de me battre contre cette tendance, comme un exercice que je m'impose. Ma tendance naturelle au fouillis doit se caser dans un ordre que je perçois, à tort peut-être, comme masculin...

Alors, le débat?
Au final, je rejoins Toréador, et n'en suis pas surprise. Ce blog note que le numéro est sympa mais rasoir. Alors que les femmes elle -même, en personne, me semblent toujours plus originales et colorées, dans leur approche des choses, que les hommes, leurs blogs, quand elles parlent de politiques, me semblent plus ternes. On est tout juste dans ce que j'ai dit plus haut. Le verbe est moins maîtrisé, les blogueuses ne se vendent pas si bien et si nettement que les blogueurs, et pourtant, je les crois sincèrement plus intéressantes, variées, bigarrées, originales...

Faut-il en déduire que les hommes sont des baratineurs et que les femmes agissent?

A dire vrai, ce sujet me semble laborieux, et mon post particulièrement cafouilleux. Restons en là. Le seul truc net, c'est que certaines réactions de blogueurs ont été détestables. Mais pas toutes. Donc, il serait idiot de parler de machisme. Je ne dirais même pas qu'il y a des cons partout, mais tout le monde est susceptible de sortir une connerie, même des gens très bien.

Magie de la comptabilité

Pas comptable, mais tout de même.

Mes sources : ça réagit et Olivier Fluke.

J'avais lu un truc de ce genre sur les banques allemandes et leurs actifs pourris..

Ça réagit titre joyeusement : la bombe IAS 39.

Je n'aime pas, ça me stresse. Enfin allons-y.

Le pitch : La norme IAS 39 est une règle comptable, qui permet, si je comprends bien, d'exclure du calcul des résulats comptables les actifs pourris, déprciés. SI votre société a investi dans des actions problématiques, elle perd de sa valeur, mais ce n'est pas de votre faute : on exclut gentiment ça du cacul, ça donne tout de suite des résultats financiers plus sympas.


Les péripéties : les sociétés peuvent donc exclure, ou pas, de leurs comptes, les actifs à problèmes. naturellement, le comptable, qui sait lire les rapports financiers, peut faire la part des choses, mais pas le pékin de base. Certaines sociétés se nettoient, d'autres pas.

Et alors? Eh bien, un certains nombres de banques, ont comme dit çaréagit, des actifs pourris bien cachés au fond du bilan, page 337, là où on ne lit plus. Dérive financière? Eh bien, si un tour de passe passe comptable permet, non pas d'escamoter, mais de présenter les bilans sans le poids des mauvais investissements, ça peut être, sans norme internationale et prise en compte de la chose, je ne sais comment, ça peut être la porte ouverte à n'importe quoi... On pourrait penser que non, il y a des normes, mais visiblement, les financiers de ce monde se sont déjà moqués de nous, avec notre argent, il est peu raionnable, et peu humain, de croire qu'ils vont se dire, bon sang mais c'est bien sûr et devenir franc et honnête.
Donc il faut faire attention... mais commment? je ne suis pas comptable...

jeudi 5 mars 2009

Porphyrogénète

De quelle esprit du scoop n'ont pas fait preuve les correcteurs du Monde !

Ils évoquaient la possibilité que Sarko ait un enfant durant son mandat.

Or, Carla veut avoir un enfant avec Nicolas.

Donc, le bébé est d'actu ...

mercredi 4 mars 2009

Peuples sous occupations internes, Moncef Marzouki

Je ne cherche pas à m'approprier ce texte mais à le diffuser à mes lecteurs, il fait partie de ceux qui me paraissent le plus approprié pour expliquer la situation de presque tous les PVD, où qu'ils soient. Il est de Moncef Marzouki, un opposant tunisien assigné à résidence.

La dictature doit être assimilée par le droit international au racisme , colonialisme et anti sémitisme


Un train, dit-on, peut en cacher un autre. Idem pour un concept. Le droit à l’auto détermination a été utilisé pour la première fois par le président Wilson dans ses quatorze points, à la fin de la Première Guerre mondiale. Il n’a cessé depuis de signifier auto détermination par rapport à un occupant étranger. L’Assemblée générale de l’ONU, dans la déclaration 1514 (XV) en date du 14 décembre 1960, affirme dans le préambule être « persuadée que le processus de libération est irrésistible et irréversible et que, pour éviter de graves crises, il faut mettre fin au colonialisme et à toutes les pratiques de ségrégation et de discrimination dont il s’accompagne... » Presque un demi siècle plus tard, elle reste dans le même registre en adoptant en ce mois de septembre 2007, une déclaration symbolique reconnaissant le droit à l’autodétermination aux peuples autochtones. Donc toujours par rapport aux ex- étrangers même s’ils sont devenus eux-mêmes autochtones comme en Australie ou au Canada. Le drame qui se joue sous nos yeux ces jours ci à Rangoon, rappelle à bon escient que le problème a changé de nature , le mal ne venant plus du méchant étranger mais du méchant compatriote. Un vers célèbre du plus grand poète arabe Al Moutanabi le dit bien Pire que le coup de sabre le plus acéré : l’injustice des proches. Les indépendances des années 60 dans les pays du Sud ont souvent signifié un simple changement de maîtres. Les occupants étrangers ont cédé presque partout la place à des occupants locaux qui se sont montrés parfois infiniment plus cruels. Certes le cas cambodgien est exceptionnel, mais la mise en coupe réglée d’une société par une dictature brutale et corrompue a été et reste le lot de beaucoup de peuples du monde. Sous un tel régime, on trouve les quatre caractéristiques fondamentales de l’occupation étrangère : L’habillage politique, le pillage économique ,la main de fer sécuritaire et le mépris des coolies appelés pour mieux se moquer d’eux des citoyens. En Tunisie, l’occupation interne est visible à l’œil nu. Une police pléthorique, plus nombreuse et mieux équipée que l’armée, parade ostensiblement dans les rues, surveille les plus petits carrefours des campagnes les plus reculées, monte des barrages à l’entrée de toutes les villes, et ce dans une démonstration de force permanente visant à entretenir la peur et la soumission de la population. L’occupant interne peut prendre toutes les formes organisationnelles : familles maffieuses comme dans ce pays , parti idéologique comme au Cambodge ou en Corée du Nord , juntes militaires comme en Algérie ou en Birmanie, minorité conduite à sa perte par des hommes sans scrupules comme en Syrie. Partout le régime fonctionne à la manière d’un virus envahissant une cellule .et s’emparant de la machinerie de l’ADN pour se nourrir, se répliquer, diffuser dans le corps, l’affaiblir et finir par le tuer. La machinerie dont s’empare l’occupant interne est celle de l’Etat. La police n’a plus pour fonction de défendre la société contre le crime organisé, mais de défendre le crime organisé contre la société. La Justice est là pour couvrir d’un voile de légalité les exactions de la police. Les libertés individuelles et collectives, surtout la liberté de parole, sont muselées. Les ‘’élections ‘’, quand elles existent, font partie d’un simulacre de démocratie qui ne trompe personne. Tout cela a pour objectif ultime de concentrer le maximum de pouvoir, le plus Longtemps possible dans les mains des occupants pour s’adonner en toute impunité à leur péché mignon : la prédation. Cette dernière n’est pas seulement économique. Elle est aussi morale et symbolique. On ne s’empare pas seulement de l’essentiel de la richesse mais aussi de tous les honneurs, de toute la dignité qui n’est plus une caractéristique intrinsèque de la personne humaine, mais une faveur concédée aux serviteurs et refusée aux traîtres et autres ennemis. On ne sait pas calculer le coût d’un tel régime. On sait simplement qu’il est prohibitif. Le nombre de prisonniers politiques, celui des torturés et des exilés, la quantité d’argent public volé, ne sont que les symptômes aigus de l’infection. Il y a les effets à long terme qui eux passent inaperçus. Les systèmes bancaires, de santé, de justice et d’éducation sont gérés par un mélange de corruption, d’irresponsabilité, et d’incompétence. Ils finissent, en l’absence de toute évaluation et réformes, par tomber en ruines, avec les effets que l’on imagine sur la population et que l’on imagine moins sur les générations futures. Si l’on ajoute à cela le délabrement moral dû à l’atmosphère de peur, d’impuissance et d’indignité générale, on mesure le degré de souffrance endurée. La société occupée commence d’abord par imploser à travers l’augmentation des inégalités, de la criminalité, du suicide, des divorces, de troubles psychiatriques. Puis un jour elle explose comme par un réflexe de survie. C’est le terrorisme à l’Algérienne ou à la Saoudienne, ou bien l’insurrection civile comme aujourd’hui en Birmanie et demain dans de nombreux autres pays occupés. Tout le long de la rive sud de la Méditerranée, la question n’est pas de savoir si les peuples vont se soulever, mais quand. Les grands Etats occidentaux, obnubilés par le terrorisme, l’immigration et la stabilité régionale et grands soutiens de nos occupants, seraient mieux inspirés, de cesser de prendre les pyromanes pour les pompiers. La dictature est aujourd’hui un danger et un fardeau pour tous. La communauté internationale et notamment l’Occident, doit assumer toute sa responsabilité dans son éradication. J’ai suggéré dans ces mêmes colonnes quelques pistes pour renforcer de l’extérieur le combat des résistants de l’intérieur. La dictature doit devenir un crime contre l’humanité et .l’ONU assimiler l’oppression d’un peuple par des maffieux , des généraux d’armée ou de police secrète ,ou des idéologues psychopathes , au racisme ,à l’anti-sémitisme et au colonialisme. Elle pourrait instaurer un mécanisme international de surveillance des élections, invalider toutes celles qui n’obéissent pas aux critères de la démocratie et mettre au ban de la communauté internationale tous les pouvoirs qui en sont issus. Le Boycott doit être systématique, non contre les peuples qui risquent d’être doublement punis, mais contre des hommes bien identifiés. Un anti-Nobel de la paix qu’on pourrait appeler le prix Hitler pourrait être attribué annuellement au dictateur de l’année (Je nomine tout de suite Ben Ali pour 2009). Tous les tribunaux, notamment dans les pays démocratiques devraient se considérer compétents pour traiter de plaintes des victimes de ces ‘’tortiocraties’’.Mais, une porte de sortie devrait être laissée ouverte en permanence à tous ceux qui accepteraient un passage pacifique à la démocratie en échange de l’impunité. La vie a plus d’importance que la justice et de toutes les façons, ce qui doit primer dans cette dernière est la réparation, non le châtiment. La porte de sortie est nécessaire à des fauves blessés qui se sont enfermés eux-mêmes et ont enfermé la société des quatre côtés, et devenant de ce fait prêts à tout pour défendre leur fourrure. Certes les temps sont durs pour le peuple birman et tous les peuples occupés soumis ou en lutte, mais ils ne le sont pas moins pour leurs tourmenteurs. Il faut qu’ils deviennent encore plus, afin que s’accélère et que s’achève par cette deuxième indépendance qu’est la démocratie, le processus de libération des peuples opprimés.

Un détail

Un commentateur (très aimable) a fait une allusion à mon supposé athéisme. Je ne suis pas athée. Je suis croyante. Catholique. Ma foi catholique est actuellement très mal en point, triste, amère, torturée. Je fais partie des personnes qui ne voient que les ressemblances entre les religions : c'est dire comme je me sens seule. Pourtant, un jour, devant un tableau du Caravage composé d'un buisson, d'un mouton, d'un homme chevelu et d'un ange, quand j'ai dit à mon fils : qu'est-ce que c'est? et qu'il m'a répondu : ben, c'est l'Aid ! je me suis dit que, tout de même, nom d'un chien, il y a bien des ressemblances !!! j'ai stupéfié un épicier musulman en lui affirmant qu'Ibrahim était un prophète juif, donc chrétien. Puis je me suis sauvée lachement, aucun goût pour les controverses religieuses. En fait, je suis athée, mais j 'ai un gros souci : non seulement je crois en Dieu, mais je sais qu'il est là - là, tout près. Je voudrais bien me débarasser de ce sentiment, mais je ne peux pas. Dieu reste juste là. Donc, je ne peux pas dire que je suis athée, une athée habitée par la présence de Dieu, ça ne le fait pas.

Fatima Bhutto

Réaction sur un article de l'hérétique.
Avec un élément trouvé sur ce blog (je met le lien pour ne pas le perdre).

Fatima Bhutto peut-elle apporter un souffle démocrate au PPP?

Devant ce genre de question (que je me pose aussi, pas nécessairement à propos de Fatima, mais qu'est-ce qu'elle est jolie !), un vertige me prend.

En fait, la réponse se trouve, pour moi, dans le Parrain.

Je regrette de ne pas être une universitaire pointue sur la question, mais voilà en gros mon idée.

Soient les systèmes occidentaux, démocratiques (oui, même en France avec notre antipathique Sarko), soient les sociétés en dehors du système occidental, et qui, plus ou moins, ont des systèmes patriarcaux, traditionnels, non démocratiques, les trois termes n'étaient pas équivalents. Certaines sociétés très traditionnelles sont très démocratiques, même si elles l'ignorent, je veux dire si elles n'ont pas de mots pour "démocratique".

Ces systèmes obéissent à des règles, subtiles, complexes. D'où le deuxième lien, qui évoque un phénomène que j'ai très souvent vu hors d'Europe. En fait, je n'ai pas été dans tous les pays hors d'Europe (forcément non) mais je l'ai vu dans tous ceux où je suis allée. On s'appuie d'abord sur la famille, les relations, le clan, le connu, et on ne va pas vers l'inconnu.

Sans faire de raccourci historique trop rapide donc faux, pensons aux liens d'hommes à hommes mis en place par Charlemagne et qui sont l'une des bases (je dis bien l'une, hein?) du système féodal.
Lions cela (rapidement) à la gens romaine, au genos grec, et à sa plus célèbre manifestation, ou résurgence moderne, la "famille" à la sicilienne.

Il y aurait des études à faire, que je ne ferais pas, sur le lien entre pouvoir clan dans les sociétés traditionnelles, intra ou extra européenne. Ce phénomène est humain, ne le méprisons pas tout de suite (même si on peut, socialement et politiquement) le combattre, ou lm'encadrer, ou le limiter.

En tout cas, Fatima (ou tout autre aspirant démocrate) se trouverait forcément prise dans ce système. Et un système social est prégnant. Seul un occidental présomptueux peut croire qu'il suffit de s'en rire pour s'en extraire.

En Occident, il est facile d'être démocrate ; facile de dénoncer les hypocrisies ou erreurs du système, puisque le système est ainsi fait. Même une personne issue d'un autre système peut parfaitement devenir démocrate.

En Orient, c'est différent. Le système dans lequel on se trouve pris est autre. On n'y échappe pas comme ça.

Je me suis trouvée dans des situations qui m'ont fait penser à des romans de Kipling, de Forster ou de Balzac. Soumise au pouvoir protéiforme, mystérieux et volatil de petits potentats locaux qui vous surveillent par leurs émissaires.

Comme je ne pouvais pas assurer ma situation entièrement par ma compétence ou ma position naturelle dans la hiérarchie, j'ai eu recours aux supports sociaux. Le résultat a été si terriblement efficace que j'ai bien senti mon idéal démocratique me filer entre les doigts. Quand de bienveillants amis ont pensé à moi pour ceci ou cela, j'ai très bien compris que mes compétences n'avaient pas joué de rôle du tout, mais seulement mes relations. Je n'étais compétente que par accident.

J'ai détesté ce sentiment. Détesté. Il vous pourri de l'intérieur. J'ai pensé aussi à un roman de Graham Greene, le fond du problème. Quand vous acceptez une compromission, c'est tout votre être qui est altéré.

C'est très difficile à expliquer. Quand j'en parle en France, on me dit : mais tu sais, c'est pareil ici. Je ne peux pas le croire. On ne peut sentir, comme là-bas, la désagrégation terrible de l'être qui n'est plus tenu que par ses relations, comme un pantin tenus par des ficelle, et qui peu à peu cesse d'exister : à quoi bon être compétent, honnête et correct si cela ne sert à rien ; si ceux pour qui vous voudriez être compétent et honnête pensent que vous êtes pourri PUISQUE VOUS AVEZ MIS LE PIED DANS LE SYSTEME? Et si ceux qui vous nomment se soucient peu de ce que vous valez? Je ne sais pas comment échapper à la chose.

Je renvoie à un texte qui très subtilement fait allusion à cela, et en termes plus convaincants que moi. Il faut comprendre la sorte de schizophrénie dramatique qui finit par pourrir les gens de l'intérieur.

(Dans mon cas, tout va bien, je suis revenue en Europe, n'aspire qu'à repartir, ce qui ne tardera pas, mais en crains les conséquences. ) ( Ce qui est terrible, d'ailleurs, c'est le départ : moi, je suis partie ; mais eux, sont restés ; peu importe où ; et en Europe, on ne veut pas d'eux).

Pour revenir à une Fatima démocrate, je crains que le système ne la broie.

Mais peut-être cela doit-il être. Peut-être la démocratie doit-elle se construire sur les esprits broyés de générations antérieures?

lundi 2 mars 2009

Truc deux

Si, j'ai le temps fugitif pour le truc deux.

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Non sans un accablement que je partage, l'auteur du blog cite un autre blog, et un jugement de type sévère mais juste (le doigt austère de la lucidité) sur la France (à l'occasion d'un jugement sur les Etats-Unis, auxquels je ne connais rien).
Jugement sur lequel je ne reviendrais pas, mais l'auteur, Rubin Sfadj, omet la fin de la citation, tentée d'humour. Peu désireuse de détourner le débat de sa noble fonction première, je garde pour moi la suite : que la France ait pour elle le bon vin ne me semble pas seulement de l'humour. D'ailleurs, elle a aussi dans son sac Balzac et Montesquieu (pour ne citer qu'eux). Et depuis que j'en suis sorti, je le sens, et ça compense (pas totalement, mais quand même) des politiques douteuses. Tout ce passé. Toute cette grandeur (comme disait un type à la télé d'ici, en français dans le texte). ça fait rire, ou sourire, mais pas que. Nous sommes gouvernés par des technocrates avides, mais nous, on a Proust, Pascal, du Bellay. Certains ont Shakespeare, je n'en disconviens pas, d'autres Dostoievski, ou Goethe, mais ils n'ont pas de vin ni de cassoulet, ni de Tour Eiffel, ni de Louvre. Certes, on vit sur un acquis, mais c'est tout de même un peu Athènes, alors que Sparte, rien du tout.

Voilà, et moi, ça me fait plaisir.

( En revanche, si on sort du monde occidental... mais on ne sort pas, de toute façon c'est tous des sauvages dès qu'on sort, c'est tout).

Ici et là.

Deux trucs en retard, vite vite.

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Particulièrement bien informés du travail en hotellerie par un nommé John qui m'est très très proche (surtout la nuit), je pouffe.

Le pitch : Mathieu L va dans un hotel et il trouve sur la porte une sorte de petit scellé avec la mention se la femme de ménage qui a nettoyé la chambre ; il en tire toutes sortes de réflexions (à lire pour voir).

1. réponse à Mathieu L, si ça lui dit. Selon ledit John (et John est vraiment dans le bain), le truc en question est un gimmick. Je suis obligée d'être discrète car, jusqu'à ce que la crise fasse penser à autre chose, John vit un peu de ce genre de gimmick (et je vis un peu de John, donc bon). Quel gimmick? Alors, l'une des idées qui viennent d'outre atlantique, c'est de personnaliser le service. De lui enlever son anonymat. Un type payé probablement très cher (le conseil, c'est bien payé) a dit que les employés travailleraient mieux si il y avait un contact direct, humain, avec le client. Pour le serveur et le réceptionniste, fastoche. Mais pour la femme de chambre, pas facile. Donc, on écrit le nom de la dite femme de chambre, car le client, quand il va rentrer dans la chambre, va se sentir plus accueilli, surtout dans ce genre d'hotel un peu anonyme quant à l'architecture, vu que les chambres sont toutes semblables. Il va prendre son papier, et se sentir rasséréné car il saura que c'est Lydie B, et non pas Catherine C. qui a nettoyé la chambre. Et s'il croise une femme de chambre dans le couloir, il lui dira peut-être : si vous voyez Lydie B, dites lui que la chambre était extra. Et Lydie B se sentira reconnue. Un gimmick, quoi. Il faudrait le dire aux chaînes, qu'on s'en fout, hein? mais on ne peut pas. Elles pensent, les chaînes, comme l'EN, il y a des modes. Tout d'un coup un truc se met à être à la mode. ça ne sert à rien, mais tout le monde s'excite dessus. Bon, là, avec la crise, on va en revenir aux fondamentaux, et redécouvrir que le client veut juste un lit et du silence. Et quant à la femme de chambre, une augmentation de salaire lui donnera l'impression de l'être, reconnue (selon John, éminent spécialiste, femme de chambre est le boulot le plus dur et le plus ingrat du secteur, le plus noble en étant le cuisinier, l'étoile, quoi) (même quand il cuisine mal, le cuisinier se la joue).

2 . Mathieu L exerce une noble profession que j'ai exercé aussi (sans noblesse) jusqu'il y a un certain temps (mais pas trop) (avec des élèves très très très faciles). Or, John, animé des travers de son métier (quand tu travailles moins de 12 heures par jour, tu ne travailles pas - aujourd'hui, j'ai fait 18 heures, ah ah ah, dans la journée) est parfois agaçant (litote) dans son approche de mon travail. Naturellement, je ne reste pas debout devant des élèves 18 heures par jour. Et heureusement, sinon il y aurait eu meurtre. En revanche, je ne fais pas de food testing ni de petits dej gastro avec le Chef. Chacun sa merde. Il a qu'à postuler dans un lycée technique, oh. Bref, l'enseignant se sent parfois mal aimé (d'ailleurs je n'enseigne plus). Quoiqu'il en soit, c'est non sans plaisir que j'ai entendu John murmurer "de toute façon quoiqu'on fasse, les clients ne sont jamais contents". "De toute façon quoiqu'on fasse, les parents ne sont jamais contents", ai-je dit en me retournant dans la couette. En fait, on a les mêmes. Sauf qu'il ne l'admettra jamais, avaec son snobisme des heures de travail. Comme disait Oscar Wilde "le travail acharné est le refuge des gens qui n'ont rien à faire".

(Là, ça sera demain).

dimanche 1 mars 2009

Un petit garçon poignarde sa soeur pour un jeu video

L'actualité réserve parfois des surprises - mais s'agit-il de surprises? vraiment? En effet, quand on vit dans le monde tel qu'il est actuellement, on se demande s'il s'agit de surprises. De véritables surprises.
Mon Dieu, que ça fait vieux con de parler ainsi : pourtant, le monde me plaît plutôt tel qu'il est, en dehors de mes jours de mélancolie.

Je viens de lire ce billet, et au passage, je renvoie tout de suite à ce post des Toujours Ouvrables, que j'ai trouvé parfaitement pertinent et conforme à mon expérience (avec humour, of course).

Les faits :

Un petit garçon de 5 ans a poignardé sa soeur, qui refusait de lui prêter son jeu video, pendant que la mère dormait ; le tout s'est passé dans une cité minière ; la petite fille a beaucoup saigné, mais selon l'AFP ses jours ne sont pas en danger.

Ce que dit Fleur :
Elle insiste sur le fait qu'on s'en fout que la famille soit monoparentale et de l'est de la France ; ensuite elle évoque les frustrations induites par la société de consommation ; et dévie sur les messieurs de son entourage, toujours heureux de tripoter leurs portables (je vois très bien ce qu'elle veut dire, sauf qu'ici, contrairement à avant, ils sont heureux de leurs portables ET ils en ont l'usage - mais je ne m'étendrai pas là dessus, trop anecdotique).

En vrac :
Que la famille soit monoparentale et de l'est ne m'est pas indifférent. Je ne connais pas du tout ce milieu, mais je pense que la vie doit y être plus difficile que dans la banlieue ouest à Saint Germain en Laye. Oui, même pour les pauvres, je crois que Saint Germain en Laye est plus joli. Plus sérieusement, une femme seule avec deux enfants, je n'ai pas besoin de faire appel à mon imagination pour imaginer comme c'est fatigant, et la mère a commis le crime atroce de se reposer, laissant ses enfants seuls au salon. Ce qui me frappe, c'est le côté Zola des faits. On est au début du XXième siècle, on est l'un des pays les plus riches du monde, des tas de gens se battent et se noient sur de frêles embarcations pour venir rejoindre l'Eldorado qu'est (au regard de celui qui vient d'ailleurs) la France, et une maman vivant en France, épuisée, n'a pas d'autres moyens que de laisser ses enfants seuls pour se reposer.

D'accord, mes propos ne vont rien avoir de réalistes, tant pis. Ne pourrait-on rêver un peu? Rêvons que la collectivité redistribue tellement bien l'argent que les centres d'accueil de jour pour tous les enfants existent. Pour tout le temps, quand les enfants le veulent, quand les parents le veulent. Comme dans les livres de science fiction. Bibliothèque, ludothèque, centre de jeu, maison des jeunes sont là. Elles sont ouvertes, toute la journée. Les enfants n'y vont pas sur critères de ressources ou parce que Papa et Maman travaillant, naaaaaan, ils y vont parce que c'est sympa. On y propose des activités. Ce sont des lieux de vie pour enfants.
La société française se sentirait collectivement responsable de TOUS les enfants. Ceux des riches, ceux des moyens, ceux des pauvres. On ne se dirait pas que l'on va occuper les gosses de pauvres parce que leurs parents ne peuvent pas, salauds de pauvres, mais tous les enfants, parce que c'est bien et c'est sympa. C'est sympa de les instruire ; et bénéfique pour le pays. C'est sympa de les distraire ; et bénéfique pour le pays.
Donc quand une maman se sentirait fatiguée ou qu'elle aurait envie d'être seule, ça ne voudrait pas dire qu'elle est nulle/déprimée/mauvaise mère/fatiguée, ça voudrait dire que c'est normal, parce qu'avoir des enfants c'est fatigant, stressant et décourageant par moments.
Et quand elle le voudrait elle amènerait ses enfants là bas, elle pourrait pendant ce temps là dormir, faire ses courses ou lire. Ou aller boire un café avec des copines.
Et les enfants seraient pas mal dans le centre, parce qu'on y proposerait des activités sympa.

Quand j'étais jeune (et je n'ai pas vraiment passé ma vie dans une ville communiste, je parle de la banlieue ouest en connaissance de cause), il y avait une maison des jeunes et des tas d'activités sympa, dont l'un, fabrication de marionnettes en papiers machés, qui me faisait rêver, mais pas question d'y aller, ma mère faisant partie des mères formidables qui assument leurs gosses 24/24, même si on se faisait chier 24/24, on le faisait en famille. Maintenant, plus rien. Repli sur soi individualiste, je dirai. Donc, comment occuper ses enfants quand on fait autre chose : la télé, les DVD, ou les jeux vidéo.

Je suis mélancoliquement consciente du caractère utopiste de ce que je viens d'écrire. Pourtant, tout aussi mélancoliquement, je voudrais ajouter que si tous les gars du monde et tous les filles du monde voulaient, on pourrait... Mais on sait maintenant que les gars et les filles du monde ne veulent pas, en fait. Même moi je le sais.

Est-ce mon quart d'heure communiste? J'abomine le communisme, presque autant que l'exilé russe moyen du temps de Khroutchev (peut-être du au fait que j'ai fréquenté des exilés russes, très mal élevés d'ailleurs). Non, mais communautaire. J'ai rêvé de ça quand j'étais jeune, je m'en suis souvenue, pourquoi je l'ignore, à la lumière de cet affreux petit fait divers. Un monde ouvert, un monde où l'on peut circuler, se rendre à la bibliothèque et dans un centre de jeu par pure envie. Un monde bienveillant envers les enfants.

Je connais en France des jeunes mamans qui rament pour trouver une place à la crèche ou en garderie pour leurs enfants ; encore le concept existe-il !! Ailleurs, les garderies sont des appartements transformés, un peu ce que préconisait Sarko dans je ne sais quel récent discours, à propos du congé parental : ici, on dirait que des dames aménagent leur salon en pseudo garderie pour pouvoir accueillir une petite dizaine d'enfants ; mais ce ne sont pas des pro. ça ne ressemble pas du tout à ce que j'imagine.
Mais si ces centres d'accueil de jour (coûteux assurément) existaient ils permettraient de faire une sorte de soupape de sécurité pour toutes sortes de parents qui sont dépassés par la maternité ou la paternité et que l'absence de cohésion familiale dans notre société moderne laisent tous seuls, dans un face à face désemparé avec leurs enfants. Les enfants, en aller retour entre l'école, ces centres et la famille échapperaient au poids de certains parents, se socialiseraient, verraient autre chose. Ah, il faudrait pour cela une politique drôlement centrée sur l'autre, l'enfant, la prévention et la culture...

Je n'ignore pas que c'est irréaliste. J'ai justement ouvert ce blog pour pouvoir le déplorer dans mon coin, sans que des personnes intelligentes me regardent, un sourire narquois leur tordant le visage, en me disant : mais voyons... Tu y crois, toi?

Naturellement, je n'y crois pas.

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